A propos de l'auteur

Nouveau livre : La grande transition (Seuil, mars 2008) - Voir les autres livres

Faut-il sauver les grandes écoles ?
De la culture de la sélection à la culture de l'innovation
Pierre Veltz
 

Véritables machines à sélection, les grandes écoles constituent d'efficaces cabinets de recrutement pour le CAC 40, sans être pour autant les moteurs de l'économie d'innovation qu'elles pourraient et devraient être, compte tenu de leurs liens privilégiés avec les entreprises. Leur bonne santé apparente est trompeuse et leur degré de fermeture sociologique insupportable.

Loin de pouvoir rivaliser avec les grandes universités scientifiques et technologiques étrangères - foyers de l'économie de la connaissance et fers de lance de la compétitivité de leurs pays -, les écoles d'ingénieurs sont beaucoup trop petites, fermées et franco-françaises.

La France prend un retard considérable alors que les solutions sont connues : regrouper les écoles en ensembles de taille internationale ; intensifier les liens avec les universités ; accroître la diversité sociale et culturelle ; internationaliser vigoureusement. Elles ne demandent que du courage politique. Le temps presse.

Pierre Veltz a été directeur de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et président de ParisTech, qui regroupe dix écoles d'ingénieurs parmi les plus prestigieuses. Il enseigne à l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et à Sciences Po Paris.

Presses de Sciences Po - Année de publication 2007
ISBN-10 2724610245

 

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Entretiens avec l'auteur
 

Sommaire

Présentation générale du livre▼ 3 mn

Forces et faiblesses du french engineer▼ 14 mn

Internationalisation et conséquences 14 mn

Les grandes écoles et l'innovation9 mn

Les risques de l'inaction14 mn

 

Introduction / Merci Monsieur Nian Liu

 

Chapitre 1 / Les écoles : de célèbres inconnues

Un brin d’histoire

Les gènes : mathématiques et méritocratie

Le primat de la sélection

Des formations généralistes

 

Chapitre 2 / Atouts et faiblesses du french engineer

De grands atouts parfois méconnus

Un défi : l’apprentissage de la complexité

Aversion au risque, esprit de hiérarchie exacerbé

 

Chapitre 3 / L’enseignement supérieur bousculé par l’internationalisation

Produits du terroir ou marques mondiales ?

Une industrie marchande globale ?

La chasse mondiale aux talents

 

Chapitre 4 / Les complexes universitaires au cœur de l’économie nouvelle

De nouveaux modèles de création technologique…

… qui renforcent le rôle des universités

De l’économie de rattrapage à l’économie d’innovation

L’émergence d’un réseau mondial de premier rang

 

Chapitre 5 / Augmenter la diversité sociale et culturelle

Une méritocratie réduite aux classes supérieures

L’élitisme oui, le micro-élitisme non

Accroître la diversité sur tous les fronts

 

Chapitre 6 / Constituer des ensembles de taille critique

Un aimant pour attirer les meilleurs

Développer der branches nouvelles du savoir

Des liens souples entre recherche, industrie et entreprenariat

Un espace de culture ouvert

 

Chapitre 7 / Que faire ?

Regrouper les écoles

Ouvrir et internationaliser les recrutements

Un financement à repenser

 

Conclusion. Université et écoles, même combat

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Extraits du livre - Reproduction interdite

 
Expérience scolaire et aversion au risque

"Il est parfaitement naturel à vingt ans d’hésiter sur les voies à suivre. Mais le système français ne favorise pas une exploration sereine des possibles, les jeunes étant terrorisés à l’idée de faire une erreur d’aiguillage. Toute leur histoire scolaire, en effet, leur a démontré qu’il n’y avait guère de droit à l’erreur et que, dans l’implacable mécanique d’écrémage qui est leur fond d’expérience commun, il n’y avait guère de retour possible pour les perdants.[…] Les étudiants français sortant des écoles ont énormément de mal à comprendre que le marché du travail est nettement moins rigide que le marché scolaire, qu’on peut hésiter et même changer assez radicalement de parcours professionnel et qu’il est plus payant de suivre vraiment ses goûts que de faire de savants calculs de boutiquier sur l’enchaînement idéal des stages et des premiers postes."

Internationalisation de l’enseignement supérieur 

"L’avantage est déjà et sera de plus en plus donné aux diplômes fonctionnant comme de grandes marques internationales. La règle s’applique à tous les labels de qualité. Osons la comparaison avec les marchés du vin. Nos diplômes des écoles sont exactement l’équivalent des Appellations d’origine contrôlée (AOC) – labels subtils, liés aux terroirs et non directement à la qualité, qui enchantent les connaisseurs et les experts, surtout si l’on ajoute le raffinement des millésimes – alors que le marché mondial réclame des vins bien calibrés, sous de grandes marques qui facilitent les choix et réduisent les incertitudes en garantissant une qualité constante. »"

"La faim d’éducation supérieure ne fait que croître avec le boom économique [mondial] … Il y a donc là des « marchés » futurs gigantesques pour de nouvelles offres. Et ce sont des marchés solvables, compte tenu de l’épargne disponible, en Asie notamment, et des efforts que les classes supérieures et les classes moyennes émergentes sont disposées à investir dans l’éducation de leur progéniture.[…] D’ores et déjà, certains pays ont ainsi décidé de faire de l’enseignement supérieur une véritable industrie d’exportation : les cas les plus remarquables sont ceux de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, ainsi que de la Grande Bretagne, dans une moindre mesure."

La chasse mondiale aux talents

"La diffusion technologique ne passe plus seulement par les grandes firmes multinationales, mais aussi, de plus en plus, par les diasporas d’individus et les communautés techniques. Or cette émergence de la planète high tech des individus nomades renforce le rôle des foyers universitaires, puisque les communautés qui la font vivre sont essentiellement basées sur des liens d’amitié et de coopération établis lors de la période de formation."  

Universités et écoles, même combat

"La voie du changement dans l’université sera très difficile, semée d’embûches. Car la volonté de changement largement répandue dans les milieux universitaires et qui transcende les oppositions politiques coexiste avec bien des intérêts silencieux attachés au statu quo. L’irresponsabilité produit beaucoup de situations confortables. La mutation dans les écoles est sans aucun doute plus accessible. Elle ne mettra ni les étudiants ni les enseignants dans les rues. Le conservatisme des écoles est sans doute plus fort au sommet du système, dans les ministères de tutelle ou dans les grands corps, qu’au sein des forces vives elles-mêmes – contrairement à l’université où le conservatisme est plutôt diffusé dans l’épaisseur de l’institution. Réformons donc la gouvernance et augmentons les moyens des universités. Regroupons et ouvrons davantage les écoles. Mais veillons à ne pas ajouter la complexité à la complexité en forçant les rythmes. Renforçons ce qui va bien et qui, à relativement peu de frais, pourrait aller beaucoup mieux. (...) Nous avons toutes les ressources intellectuelles et financières pour revenir au premier rang dans ce domaine crucial pour notre avenir (...). Mais il reste quelques obstacles à franchir. Cela ne se fera pas sans volonté et sans courage politique, au plus haut des niveaux."

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